Ce poème d’André Forfert vient en introduction d’un recueil de dessins de Claude Goutin “Les chambres” paru en 1982.


Poème pour les chambres

Un trait
pour une page blanche
nourri d'amour
s'échappe, s'élance
danse ...
Il parle avec amour
d'Amour
s'enroule sur une cuisse
glisse,
froisse un drap puis revient
grave,
pour se graver
pour éclater ...
Ombre !
Le trait rejaillit
se fait caresse
se dit tendresse
et puis s'apaise ...
Deux corps s'espacent, déliés ...
Lumière !


Le trait de rëve épris
invite un ciel
pour un grand lit.
Un ciel aux habitants étranges
pas des anges
des êtres qui scrutent
interpellent
vont jusqu'à sauter
le temps d'un trait
sur le lit.
Mais le trait repart
au galop,
au galop de juments affolées
mordues par des chevaux fous
Le rêve s'assombrit
le trait se cache
ouvre des portes
suit des couloirs
prend une.ombre pour un oubli ...
Il fuit
s'enferme dans la chambre.
Des ombres l'y attendent
le diluent...
Le trait s'est tu !


Le trait se fait souffrance
se dépouille
dépouille
isole ...
Le trait se fait silence, attente ...
Est Mort, le trait
posé au fond d'un trou.
Cent fleurs d'ombre le couvrent ...


André FORFERT

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